Philippe Vion-Dury

L’angoisse chronique de la panne de sa batterie de smartphone, c’est bientôt du passé : voilà la promesse que s’apprête à tenir SunPartner, une PME française d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Elle vient de signer un contrat avec le géant chinois de la téléphonie TCL, écrivent Les Echos ce mercredi.

L’entreprise a développé un film photovoltaïque transparent intégrable sur ou sous les écrans de nos périphériques mobiles, permettant d’en recharger la batterie. La technologie « Wysips » – pour « What You See is Photovoltaic Surface » (ce que vous voyez est une surface voltaïque) – capte l’énergie solaire à travers un réseau de lentilles et la convertit en électricité grâce à une petite puce.

La technologie française cumule les avantages :

  • une recharge complète en six heures environ (quelques minutes à la lumière du jour ou artificielle pour passer un coup de fil d’une minute) ;
  • un surcoût à la fabrication du portable d’un euro seulement ;
  • la taille de la batterie pourrait être réduite de 20% ;
  • une perte de seulement 10% de transparence par rapport à une surface non équipée.

Des débouchés pour les pays pauvres

Au-delà de la praticité d’une telle innovation, on peut facilement imaginer les gains en termes d’économie d’énergie dans un monde qui devrait compter en 2017 pas moins de 4 milliards de smartphones et tablettes.

La technologie Wysips pourrait également révolutionner le quotidien des milliards de personnes équipées d’un téléphone mobile dans les pays pauvres et en développement qui n’ont pas accès à l’électricité ou sont soumis aux aléas des coupures de courant.

Le continent africain est en première ligne : la croissance du marché des smartphones est de 43% par an depuis 2000. Dans certains endroits – comme dans la ville tchadienne de Faya Largeau où s’est rendu Pierre Haski l’année dernière – la pénétration du réseau est meilleure que celle de l’électricité.

Un marché de près de 100 millions d’euros

La start-up française voit beaucoup plus loin que les téléphones intelligents et autres périphériques tactiles et cherche à adapter sa technologie à d’autres types de surfaces.

  • Wysips Cameleon permettrait par exemple de poser ce film photovoltaïque sur des écrans non-interactifs, des panneaux publicitaires, des enseignes ;
  • Wysips Glass pourrait fournir de l’énergie à des terminaux dans les voitures, maisons, bateaux ou avions en ne filtrant que 30% de la lumière passant par les vitres ;
  • Wysips Textile s’attaque comme son nom l’indique à toutes sortes de tissus en y mêlant des fibres photovoltaïques.

S’il faudra compter quelques années pour que soient opérationnelles ces variantes, le marché de la téléphonie, lui, est mûr pour cette technologie. C’est du moins ce que pense SunPartner qui vise un marché de près de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2015.

C’est aussi ce que semblent penser les investisseurs : la PME aixoise a déjà levé plus de 9 millions d’euros dont 2,1 millions ces derniers jours auprès du Crédit agricole, de la Société photovoltaïque de l’Est et de plusieurs « business angels ».