Capucine Fachot-Charbonneau, avec Nathalie Huet, édité par Yves Clarisse

PARIS (Reuters) - Des horloges atomiques plus précises ont été mises au point par des chercheurs de l'Observatoire de Paris, ouvrant la voie à des avancées dans de nombreux domaines scientifiques, dont la prévention de séismes et la réalisation des cartes.

L'équipe Systèmes de référence temps-espace (Syrte) conduit des recherches sur les fréquences optiques depuis 14 ans afin de parvenir à une définition plus fine de la seconde.

Les horloges optiques mises au point par les membres de la Syrte sont trois fois plus précises que les horloges atomiques existantes et peuvent donner l'heure juste pendant 300 millions d'années sans perdre une seconde, disent ses chercheurs.

Elles fonctionnent via un piège de lumière où des atomes de strontium sont mis à l'arrêt par des lasers puis étudiés à une vitesse 0, ce qui permet de définir la fréquence de leurs oscillations et donc la durée d'une seconde.

Les précédentes horloges utilisent des atomes de césium qui ne donnent pas un résultat aussi précis du fait de leurs oscillations moins fréquentes. Le nouveau dispositif utilise des atomes capables d'osciller plus vite.

"C'est deux fois plus précis que les horloges au césium", déclare Rodolphe le Targat, physicien de l'Observatoire.

Des horloges à ions développées aux Etats-Unis peuvent garder l'heure exacte pendant 3,7 milliards d'années, mais elles sont beaucoup moins stables.

Les horloges mises au point à l'Observatoire de Paris sont des capteurs sensibles aux perturbations extérieures qui réagissent selon les températures et certains facteurs non ressentis par l'homme. Ces dispositifs peuvent à un certain degré permettre la prévention de séismes et la réalisation de cartes. Elles peuvent aussi aider au développement de systèmes de géolocalisation plus précis.

Le téléchargement de données et le trading à haute fréquence sur les marchés, déjà effectué en microsecondes, pourraient aussi se faire plus rapidement.

"On est quasiment persuadés que ces horloges-là peuvent encore progresser", explique le physicien de la Syrte.

Mais il faudra encore beaucoup de travail pour réduire la taille des deux horloges qui occupent un laboratoire de 15 mètres carrés empli de câbles connectés à des dizaines de machines.