Mais attention, pas n'importe quel bonheur... Mieux vaut être le trouver dans la générosité que dans la célébrité.

Le sentiment de bien-être agit non seulement sur notre santé, ce que l'on savait, mais aussi directement sur le fonctionnement de nos gènes. Les chercheurs de l'équipe de Steven Cole, professeur de médecine à l'université de Californie Los Angeles (UCLA) et ceux de l'université de Caroline du nord, ont même découvert qu'il existe en fait deux types de bonheur. Pire encore: leurs effets sur l'organisme sont différents et mêmes opposés.

Les personnes qui ressentent de hauts niveaux de bien-être eudémonique montrent un profil très favorable d'expression de leurs gènes dans les cellules du système immunitaire. Elles bénéficient d'un bas niveau d'expression des gènes inflammatoires et d'un fort niveau d'expression des gènes antiviraux et des anticorps. En somme, elles sont particulièrement protégées contre les agressions extérieures.

En revanche, les personnes qui ressentent un niveau relativement élevé de bien-être hédonique affichent un profil génétique opposé: forte expression des gènes de la réaction inflammatoire, bas niveau d'expression des gènes antiviraux et des anticorps. On peut donc se sentir bien tout en étant vulnérable. Etonnant, non?

Bien entendu, tout réside dans la différence entre bonheur eudémonique et bonheur hédonique.

Le premier correspond à une sensation profonde d'un but et d'un sens dans la vie, dans le style de l'image que l'on peut se faire de Mère Teresa (nous avons vu que la réalité est peut-être un peu différente). Le bonheur hédonique, lui, est fourni par le plaisir des sensations d'autosatisfaction qui culmine chez les stars et les célébrités.

Ce résultat troublant, surtout pour les vedettes et ceux qui rêvent de bénéficier de marques publiques de reconnaissance, est issu de l’étude publiée par Sten Cole et ses collègues dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) du 29 juillet 2013. Les chercheurs ont observé comment le génome humain répond à un état psychologique positif. Sa réaction est-elle simplement l’opposé de celle qui correspond à un sentiment de stress et d’adversité ou bien le bonheur active-t-il des gènes différents parmi les 21.000 qui ont été sélectionnés par l’évolution pour nous aider à vivre?

Des études précédentes avaient répondu en partie à la question en établissant un lien entre le stress, l’inquiétude et la peur et un profil d’expression génétique... qui correspond à celui du bonheur hédonique.

La nouvelle étude, réalisée à partir de l’étude de prélèvements sanguins sur 80 adultes en bonne santé chez lesquels le bien-être eudémonique ou hédonique avait été évalué, montre qu’une sensation consciente identique de bien-être peut avoir des effets opposés sur le fonctionnement du génome.

Steven Cole conclut: «Ce que cette étude nous dit, c’est que faire bien et se sentir bien ont des effets très différents sur le génome. Même s’ils génèrent des niveaux similaires d’émotion positive. Il semble que le génome humain est beaucoup plus sensible aux moyens utilisés pour atteindre le bonheur que ne l’est notre esprit conscient.»

Bonne nouvelle pour la... "morale".

M.A.