Une experte en nutrition familiale rappelle dans le New York Times que faire grandir ses enfants au son de «Finis ton assiette» (voire de «Finis ton assiette, y a des enfants qui meurent de faim dans le monde») est loin de leur être bénéfique.

Ces principes alimentaires parfois solidement ancrés dans les familles -ou chez les pions à la cantine- vont contre la santé des enfants, comme plusieurs études l'ont montré.

En 1987, une chercheuse de l'université de Penn State s'est aperçue que les enfants à qui l'on demandait de se concentrer sur les signaux externes du fait de manger (comme la nourriture présente sur leur assiette) mangeaient davantage de nourriture après un repas fort en calories que ceux concentrés sur des signaux internes (la sensation de faim par exemple). Dans une étude de 1999, les adultes obèses se souvenaient de davantage de règles liées à la nourriture que les non-obèses, avec comme règle la plus commune celle du «finis ton assiette».

A l'inverse, dans une étude de janvier 2013, des chercheuse de l'université du Minnesota ont trouvé que les jeunes adultes qui mangeaient en fonction de leur faim et de leur sensation de satiété avaient un indice de masse corporelle moins élevé que ceux qui ne le faisaient pas, et avaient également moins tendance à souffrir de désordres alimentaires. Les jeunes femmes qui écoutaient leurs corps pour se nourrir avaient moins tendance à faire des régimes et à manger de manière compulsive.

Ces études sont d'autant plus intéressantes qu'une autre, datant de 2006, a montré que les jeunes enfants avaient une capacité d'auto-régulation énergétique. Autrement dit, ils ont une capacité innée pour réguler leur consommation de nourriture. Les encouragements à trop manger -«finis ton assiette»- et ceux à trop se limiter ont des effets négatifs sur cette capacité innée.

MaryAnne Jacobson souligne dans le New York Times que «finis ton assiette» n'est pas le seul réflexe problématique: insister pour que les enfants mangent d'abord leurs fruits et/ou leurs légumes, ou les récompenser quand ils mangent sain (du type «si tu manges tes épinards t'auras du gateau») n'aide pas non plus.

«Cette stratégie fait que les enfants ont moins tendance à (intrinsèquement) préférer les aliments sains et rend les sucreries encore plus désirables.»

N'allez pas croire pour autant qu'elle encourage ainsi le gachis, une des raisons parfois avancées par les parents pour justifier le principe de finir son assiette. Elle explique dans les commentaires de son article encourager les parents à poser les plats de nourriture sur la table et à laisser tout le monde se servir ou décider de la quantité qui leur est servie (et réutiliser ensuite les restes).