Une thérapie génique développée aux Etats-Unis apporte des résultats encourageants pour le traitement de la myopathie de Duchenne.

Un nouvel espoir de traitement se profile pour les malades atteints de la myopathie de Duchenne. Un médicament, l'eteplirsen, développé par des chercheurs de l'université de Cambridge et testé aux États-Unis au Nationwide Children's Hospital, montre des résultats plus qu'encourageants : il permet aux patients traités de marcher plusieurs mètres de plus et de redonner du tonus musculaire. Une thérapie génique prometteuse pour cette maladie qui touche environ 2.500 personnes en France et qui est la forme de maladie dégénérative musculaire la plus courante dans le monde.

La myopathie de Duchenne touche dans 99.9% des cas les garçons. Elle est liée à une anomalie du gène DMD (situé sur le chromosome X), qui code pour la synthèse de la dystrophine, une protéine musculaire. Cette protéine sert à absorber les chocs des mouvements musculaires. Sans elle, les fibres musculaires s'abîment et les muscles dégénèrent petit à petit. La maladie se déclenche très tôt, et vers l'âge de 12 ans les individus ont besoin d'un fauteuil roulant, faute de pouvoir marcher. L'espérance de vie est d'en moyenne 25 ans.

"Cela fait 40 ans que je travaille sur le sujet et c'est l'une des perspectives les plus prometteuses que j'ai vu", s'enthousiasme le docteur Jerry Mendell, directeur du centre de thérapie génique au Nationwide Children's Hospital et auteur de l'étude. "Cela offre beaucoup d'espoir aux patients et à leurs familles", ajoute le spécialiste dont les travaux sont publiés dans la revue Annals of Neurology.

Thérapie génique

La nature de la mutation varie en fonction des personnes, mais dans 65% des cas, il manque au gène DMD de nombreux exons, ces portions de l'ADN qui servent à coder les protéines. Le traitement permet de "sauter" l'exon 51 dans le gène et de continuer à synthétiser le reste de la protéine, et ainsi obtenir une protéine plus petite mais fonctionnelle (alors qu'une mutation la rend en générale inactive). Environ 13% des malades de la myopathie de Duchenne possèdent cette mutation particulière. L'hôpital a commencé la phase II de l'essai clinique en 2011, sur 12 garçons âgés d'entre 7 et 12 ans, atteints par cette mutation de l'exon 51. Pour cela, les volontaires ont reçu une dose hebdomadaire d'eteplirsen et ont subi des tests de marche de 6 minutes aux 12e, 24e et 48e semaines de traitement. Des biopsies musculaires ont également été réalisées pour analyser le taux de dystrophine. D'après les résultats dévoilés, les volontaires ont vu une augmentation de 23% de leur taux de dystrophine à la 24e semaine, jusqu'à 52% à la 48e. Comparé au groupe placebo, ils ont réussi à parcourir au moins 67 mètres de plus lors des tests de marche.

D'autres tests à venir

Des résultats prometteurs donc, mais le docteur Mendell insiste sur le fait qu'il s'agit d'un petit échantillon de patients, et qu'il reste encore beaucoup de paramètres et de problèmes à considérer. Par exemple savoir si la dystrophine se répartit équitablement entre les différents muscles. "Il y a peut-être des facteurs qui mènent à une localisation préférentielle de la dystrophine. C'est l'une des nombreuses choses que l'on a à prendre en compte", relève t-il. Le traitement sera soumis à l'appréciation de la FDA (Food and Drug Administration), l'agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, en début d'année prochaine. S'il est validé, cela sera le premier traitement à viser directement la cause génétique de la maladie.