SOCIETE - Entre les tenants d'une éducation traditionnelle et les militants pour l'égalité des sexes, le débat est toujours d'actualité...

Un petit garçon habillé en rose et une fille footballeuse. L'égalité des sexes a beau être déclarée, il est rare que l'on croise des enfants défiant tous les attributs de leur sexe. Pour certains parents, il est bon de donner aux enfants des repères culturels qui leur permettront de s'intégrer dans une société encore fortement marquée par des stéréotypes sexués. Pour d'autres, aucune raison que filles et garçons n'aient pas les mêmes possibilités.

Maman fait la cuisine, papa bricole

Parmi ces tenants de la stricte égalité, Marie-Lou Bret, chargée de mission éducation au Centre francilien de ressources pour l'égalité femmes-hommes, déplore que dans  les manuels scolaires ou la littérature pour enfants «les représentations des hommes et femmes soient très traditionnels: les femmes sont dans des rôles de mères et les hommes cantonnés à des tâches masculines comme le bricolage», explique-t-elle. Les magazines pour adolescents ancreraient encore plus cette différenciation avec «des magazines pour les filles parlant de beauté et des magazines pour garçons liés plutôt à leurs passions ou au sport».

Des filles coquettes et des garçons casse-cou, un modèle séculaire que certains ne jugent pas nécessairement mauvais. «Il y a des codes sociaux qui sont certes relatifs à une société et une époque,  mais qui permettent de s'intégrer dans cette société, estime Pascale Morinière, vice-présidente de la Confédération nationale des associations familiales catholiques (AFC). Par exemple, en France, les hommes ne mettent pas de jupes et d'escarpins. Il faut (?) transmettre cela aux enfants pour qu'ils puissent vivre en société, c'est comme leur apprendre la politesse

Garçon manqué ou femmelette

Pourtant, dans certaines crèches avec lesquelles le Centre francilien de ressources pour l'égalité femmes-hommes travaille, des espaces «neutres» permettent aux enfants de faire ce que bon leur semble: si un petit garçon a envie d’enfiler une robe, pas de problème. «Expliquer qu’un garçon peut jouer à la poupée et qu’une fille peut jouer au foot, c’est ouvrir le champ des possibles aux enfants», juge Marie-Lou Bret.  Mais les clichés ont encore la peau dure, à en juger par le regard des parents qui peut se faire réprobateur lorsqu’un petit garçon va vers un jeu de filles. Plus facile d’être un garçon manqué qu’une «femmelette»? «On voit que les petites filles vont maintenant plus souvent vers des jeux masculins mais le plus dur est d’amener les garçons vers des jeux féminins car ils restent dévalorisés», commente Marie-Lou Bret.

Pour Pascale Morinière, peu importe de «coller ou pas aux normes», les parents doivent d’abord «être à l’écoute profonde de l’enfant et lui permettre de développer ses talents et ses goûts»: «Se comparer à des modèles n’est pas une bonne chose, il faut trouver quelles sont les qualités de chaque enfant et les développer». Difficile toutefois de faire abstraction des images véhiculées par les médias, l’école, la famille… «Nous sommes tous porteurs de stéréotypes, rappelle Marie-Lou Bret. Notre objectif est de sensibiliser tout le monde, parents, enfants, éditeurs de livres, au fait que les inégalités existent et que nous devons arrêter de présenter toujours les mêmes images aux enfants