Source: CNRS

Constamment menacée par des stress et des dommages, la cellule est capable de réagir pour prévenir les risques de se transformer en cellule tumorale. Geneviève Almouzni (1) et son équipe s'intéressent aux mécanismes cellulaires mis en jeu pour répondre aux agents endommageant et ainsi préserver les capacités fonctionnelles du génome. Et dans cette mission, HIRA joue un rôle tout à fait unique. Ces travaux sont publiés en ligne dans Cell, le 26 septembre 2013.

L'été a été particulièrement ensoleillé. Et si tout le monde en a profité, peu imagine ce que cela implique au cœur de nos cellules. Le rayonnement solaire – comme d'autres types de rayonnements, certains produits chimiques etc. – endommage la molécule située au cœur de nos cellules : l 'ADN.

Étant le porteur de l'information génétique, l'ADN est à ce titre essentiel au fonctionnement des cellules et à plus grande échelle à celui de l'organisme. Son endommagement représente donc un danger.

Toutefois, rassurez vous car les cellules présentent des systèmes de réparation très sophistiqués permettant d'éliminer ces lésions. Ce qui ne veut pas dire qu'il faille abuser des expositions solaires et autres génotoxiques, comme on appelle toutes substances susceptibles d'endommager l'ADN. Car face à un trop grand nombre de lésions, ces systèmes peuvent être débordés et il y a alors risque de voir apparaître une cellule  tumorale.

HIRA: le signal d'alarme des cellules
L'équipe de Geneviève Almouzni étudie la façon dont la cellule restitue son intégrité après l'exposition à un génotoxique. Et c'est une véritable "chaîne de secouristes" qui doit se mettre en place : une fois le dommage détecté, les systèmes de réparation sont alertés pour se mettre en ?action. Parallèlement, les autres mécanismes cellulaires sont arrêtés afin de laisser la place aux systèmes de réparation qui pourront éliminer le dommage et éviter sa transmission aux générations de cellules filles au moment de la division cellulaire.

Dans leur nouvelle publication, les chercheurs de l'Institut Curie ont abordé une facette nouvelle concernant les mécanismes déclenchés après dégâts dans l'ADN par les UVC – un des rayonnements émis par le soleil, mais qui ne parvient pas jusqu'à la surface terrestre – importants pour son organisation fonctionnelle. Facette qui touche non pas directement l'ADN lui-même, mais son marquage.

Ils montrent en effet que la protéine HIRA agit comme une balise de repérage. "Dès qu'un dommage est détecté par l'équipe de réparation, Hira vient s'accumuler sur le site de l'incident" explique Salomé Adam, doctorante à l'Institut Curie. Cette balise transitoire assure qu'une fois le dommage éliminé, les fonctions cellulaires interrompues le temps de la réparation puissent redémarrer.

"La protéine HIRA fonctionne comme un marque page qui signalerait un passage intéressant à lire, explique Geneviève Almouzni, et autoriserait ainsi le redémarrage de la transcription cellulaire.". Avec leur découverte, les chercheurs de l'Institut Curie mettent le doigt sur un nouvel acteur essentiel à la reprise des fonctions cellulaires et donc au maintien de la "bonne qualité" des cellules après dommages de l'ADN.

Notes: (1) Directrice de recherche CNRS, Directrice du laboratoire dynamique nucléaire et plasticité du génome (CNRS/Institut Curie) et directeur du Centre de Recherche de l'Institut Curie.
Référence:Transcription recovery after DNA damage requires chromatin priming by the H3.3 histone chaperone HIRA
Salomé Adam, Sophie E. Polo, Geneviève Almouzni. Cell, 26 septembre 2013, Volume 155, Issue 1, P. 94