Eh oui, votre grand-mère avait raison: la musique que les jeunes écoutent de nos jours est vraiment trop forte, nous apprend Fast Company. Echo Nest, une agence qui recueille des données sur la musique, a publié fin septembre les résultats d'une étude sur le volume: en analysant les 5.000 morceaux les plus écoutés chaque année depuis 1950, ils se sont rendus compte que le niveau sonore de la musique avait progressivement augmenté jusque dans les années 1990, puis a explosé en intensité pendant les vingt dernières années.

via Echo Nest

Petite précision: quand on vous dit que la musique devient de plus en plus forte, il ne s'agit pas du volume de vos écouteurs ou de vos haut-parleurs -que vous pouvez baisser. Il s'agit du volume à l'intérieur d'une chanson, ou plus précisément, de la différence de volume entre les éléments les plus silencieux d'une chanson et les éléments les plus bruyants. Fast Company explique: «Dans n'importe quel format -vinyle, cassette, CD, MP3, tout ce que vous voulez- il y a un volume maximum qu'une chanson peut atteindre. Celui-là ne bouge pas. Ce qui devient de plus en plus fort, ce sont les parties plus silencieuses de la chanson

En gros, ces parties silencieuses sont augmentées pour atteindre le même volume que les parties bruyantes, et l'ensemble est compressé au maximum. Résultat, les chansons paraissent de plus en plus fortes, et il est de plus en plus difficile de distinguer les différents éléments qui les constituent.

Si vous n'avez toujours pas compris, prenez l'exemple frappant donné par The Atlantic dans un article de 2011. Quiconque a déjà mis son iPod en mode shuffle comprendra de quoi on parle: «Vous montez le son pour écouter une vieille chanson, comme Thunder Road de Bruce Springsteen, mais juste après, vous devez baisser le volume de manière radicale si un morceau plus récent, comme Fuck You de Ceelo Green, se met à jouer.»

L’étude d’Echo Nest vient en fait confirmer scientifiquement ce que les médias appellent désormais la «guerre du volume»: «Parce que les artistes ont besoin de se démarquer, il y a un avantage stratégique à avoir une chanson qui est légèrement plus bruyante que les autres. Le résultat, c’est que chaque nouveau disque est plus bruyant que le précédent, et le niveau de volume sur les CD est tel que la musique sonne faux, comme si elle était jouée à travers des enceintes cassées.»

L’exemple le plus frappant de ce phénomène est sans doute le groupe Sleigh Bells, qui se décrit comme «le groupe le plus bruyant d’Amérique», et qui s’est fait connaître en 2009 avec ce morceau: le son saturé peut sembler excessif, pourtant, ça marche, et pas que chez les amateurs de gros son qui tabasse: depuis quelques temps, la musique de Sleigh Bells se retrouve dans une bande-annonce sur deux.

Allez, pour vous remettre de vos émotions, on vous laisse apprécier le bien plus paisible 4’33’’, de John Cage.