Va-t-on réussir à créer génétiquement des arbres dont la fluorescence est d’une telle intensité qu’ils pourront éclairer nos rues?

La bio-ingénierie va-t-elle sauver la planète? Elle ouvre en tout cas des possibilités insoupçonnées. Le Glowing Plant Project (Le projet de plantes lumineuses) fait partie de ces bouleversements technologiques qui ont le potentiel, à leur échelle, de changer le monde comme l’explique le site Reason. Lancé par deux biologistes et un ancien consultant de Bain & Company, le Glowing Plan Project a au moins deux objectifs.

A long terme, créer des arbres dont la fluorescence est d’une telle intensité qu’ils pourront éclairer nos rues. A court terme, promouvoir l’innovation dans la biologie synthétique en-dehors des multinationales comme Monsato et en la finançant par l’appel à la générosité du grand public.

La recherche sur les plantes lumineuses n’est pas récente. Elle remonte au milieu des années 1980 quand des chercheurs ont pour la première fois introduit un gène présent dans les lucioles dans des plants de tabac. Pour autant, les cigarettes fluorescentes n’ont pas encore vu le jour.

Les arbres de Noël n'ont qu'à bien se tenir

Mais les progrès de la biologie synthétique se sont accélérés au cours des dernières années. Le déclic s’est produit quand le consultant Antony Evans a assisté à une présentation du biologiste Omri Amirav-Drory sur les possibilités d’utiliser des organismes vivants pour produire de l’énergie, des carburants, des plastiques, des engrais. Anthony Evans a notamment été frappé par la prédiction de Omri Amirav-Drory selon laquelle quelqu’un dans son fauteuil sera un jour capable en utilisant des logiciels puissants et «un magasin biologique en ligne» d’assembler du matériel génétique pour fabriquer «un lampadaire renouvelable, fonctionnant à l’énergie solaire, durable et auto-assemblé», en clair un arbre fluorescent. Et pas moins de 8433 personnes soutiennent aujourd’hui financièrement le Glowing Plant Project via le site de financement populaire Kickstarter. Ils avaient demandé 65 000 dollars pour commencer et en ont obtenu 484 000… Six mille donateurs qui ont fourni au moins 40 dollars recevront des graines pour faire pousser des plantes lumineuses et les 210 donateurs qui ont apporté plus de 250 dollars recevront des instructions et des ingrédients pour faire des expériences et transformer leurs propres plantes. Une perspective qui provoque la crainte d’un certain nombre d’organisations écologistes aux Etats-Unis. Mais le Département américain de l’agriculture considère qu’il n’y a pas de risques.

Si les arbres fluorescents existent aujourd’hui dans l’imagination des auteurs de livres et de films (Avatar) de science-fiction et de scientifiques, les progrès sont rapides dans le domaine et la technologie semble arriver à maturité. En 2010, un groupe de scientifiques américains à créer un plant de tabac qui produit de la lumière de façon autonome. (Dans les années 1980, la première tentative ne fonctionnait qu’avec un produit ajouté au sol appelé luciferin). Toujours en 2010, en Angleterre, des chercheurs ont crée une bactérie qui produit de la lumière avec suffisamment d’intensité pour permettre de lire ou de servir de signal d’alerte.

Les espoirs sont immenses. Non seulement des arbres fluorescents permettraient de faire des économies considérables d’énergie dans la quasi-totalité des grandes villes, de faire des économies tout court car l’entretien des arbres est beaucoup moins coûteux que celui des lampadaires, de planter des dizaines voire des centaines de millions d’arbres qui produisent de l’oxygène et absorbent du gaz carbonique. Les arbres de Noël n’ont qu’à bien se tenir. C’est beau le progrès.