Dans la longue liste des petits gestes de superstition que l’on fait pour éloigner le mauvais sort ou faire en sorte qu’un souhait se réalise, il y a celui de toucher du bois. C’est à cela que se sont intéressés des chercheurs de l’université de Chicago. (On ne va pas vous mentir, il y a de grandes chances pour que cette étude rentre dans cette catégorie-là.) Mais continuez quand même la lecture, parce qu'on nous explique pourquoi ça marche, de toucher du bois.

Ce serait un moyen de se rassurer soi-même, en ne chassant pas tant le mauvais sort en lui même –si tant est que ça existe– que la peur de ce qui pourrait advenir.

Explication avec un exemple présenté dans le New York Times. Vous vous vantez de n’avoir jamais eu d’accidents de voiture, vous commencez à penser au fait que vous pourriez en avoir un, et une fois au volant, vous conduisez inquiet/inquiète. Donc votre voiture part dans le décor.

Mais ça ce n’est pas nouveau, c’est le concept des «prophéties auto-réalisatrices» développé par le sociologue Robert Merton en 1949. Utilisé sur un tout autre sujet, le Figaro le définit ainsi: «Ce sont les anticipations d'un phénomène qui peuvent conduire d'elles-mêmes à sa réalisation.»

Dans notre exemple ça donne ça: vous pensez que vous pouvez avoir un accident (anticipation), vous vous inquiétez et vous avez effectivement un accident (réalisation).

Le plus de l’étude américaine, c’est de dire qu’un petit geste peut vous donner l’impression d’éliminer la malchance, de conjurer le sort. Mais attention, tous les rituels n’ont pas la même efficacité, comme l’explique l’une des auteurs du rapport dans un communiqué: «Nos conclusions montrent que toutes les actions pour chasser le mauvais sort ne sont pas toutes efficaces. Au lieu de cela, nous avons remarqué que toutes les actions qui induisent un geste de rejet sont spécialement efficaces pour réduire les conséquences négatives d’un mauvais sort.»

Donc, selon leurs observations, que vous touchiez du bois, jetiez une balle ou votre manteau, peu importe, l’essentiel est d’effectuer un mouvement de rejet, parce que psychologiquement, vous créez «le sentiment que le mauvais œil a été éloigné», ajoute la chercheuse. Et vous avez l’esprit plus léger.

Si en plus vous vous en tenez au bois, vous multipliez peut être vos chances d’être complètement épargné(e). Le bois, et plus particulièrement le chêne, explique Philippe Vandel dans un de ses «Pourquoi» sur France Info, symbolisait la maison de Zeus pour les Grecs. Ils touchaient l’arbre de la même manière «qu’on claque l’encolure d’un cheval» pour faire plaisir au roi des dieux et rester dans ses bonnes grâces.

Conclusion, continuez de toucher du bois, si ça ne fait pas de bien, au moins cela ne peut pas faire de mal.