Le site d’actualités scientifiques Phys consacre un article aux recherches de Jon Skarpeid, un étudiant en doctorat à la Norwegian University of Science and Technology (NTNU). Pour lui, il existe une connexion évidente entre les croyances spirituelles d’une société et sa musique.

Intéressé par l’hindouisme, il s’est penché sur ces relations entre musique et croyance par hasard.

«J’écoutais un CD de musique indienne tout en étudiant l’hindouisme, et j’ai eu une surprise. La musique jouait ce que j’étais en train de lire.»

Pour l’hindouisme, il n’y a ni commencement ni fin, le monde est circulaire et fonctionne par cycles répétés, exactement comme la musique indienne. Alors qu’à l’inverse, la musique européenne de Bach ou de Beethoven a une narration plus classique avec un début et une fin: comme l’enseigne le christianisme.

De même, il n’est pas étonnant pour Jon Skarpeid que dans une période postmoderne, qui a rejeté les grands récits politiques et religieux, les compositeurs contemporains comme Arvo Pärt et Henryk Górecki réalisent une musique dite minimaliste, sans indications claires de début ou de fin.

Les rapports entre musique et société ont fait l’objet de nombreuses théories. Theodor Adorno allait jusqu’à parler de «pornographie musicale» à propos du jazz et de la musique populaire de son temps. Une musique formatée et stéréotypée, «dont la fonction essentielle est la fabrication d’un bruit de fond visant à faire oublier la violence du monde», comme le résume Michel Cinus dans un article consacré aux textes sur la musique du sociologue allemand.

En étudiant la liste des religions pratiquées par les cent rockers les plus célèbres, on imagine volontiers d’autres études dans la même veine: que doit U2 au christianisme reborn de Bono, la musique de Freddy Mercury était-elle zoroastrienne, Sly & The Family Stone est-il un groupe de funk-Témoins de Jéhovah et Radiohead un groupe de rock vegan?

Et ne parlons même pas du cas de Wagner dont, comme le rappelait Jean-Marc Proust dans Slate à l'occasion du match Verdi-Wagner qu'il a arbitré, «les idées et la récupération par le nazisme n’en finissent pas de susciter des écrits et controverses».