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On savait déjà que la pollution atmosphérique augmentait les risques de pathologies respiratoires et de mortalité. Une nouvelle étude publiée, lundi 14 octobre, par la revue britannique The Lancet Respiratory Medecine, montre qu'elle a des conséquences néfastes dès la grossesse, sur le développement du fœtus. L'exposition de la femme enceinte à l'air pollué augmente en effet le risque de donner naissance à des bébés de petits poids.

L'enquête a été menée en milieu urbain au sein de douze agglomérations, dans le cadre du programme européen "Escape" sur les effets de la pollution de l'air sur la santé.

L'exposition aux polluants atmosphériques, et plus particulièrement les particules fines (PM2,5) – particules d'un diamètre inférieur à 2,5 micromètres, que l'on trouve par exemple dans les gaz d'échappement, les émissions liés au chauffage et aux activités industrielles –, ainsi qu'à un trafic routier dense, pertube de façon significative la croissance du fœtus. Même des niveaux d'exposition aux particules fines relativement faibles accroissent le risque de donner naissance à terme à des bébés de faible poids et ayant un périmètre crânien réduit.

UN RISQUE ACCRU DE 18%

"Un tel effet s'observe en dessous de la limite annuelle fixée par les directives européennes sur la qualité de l'air, qui est de 25 microgrammes par mètre cube (25 µg/m3)", souligne Rémy Slama, directeur de recherche à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui a coordonné l'étude en France.

Si l'on compare un groupe de femmes enceintes exposées aux particules fines à raison de 10 µg/m3 et à un autre groupe exposé à 15 µg/m 3, le risque est accru de 18 %. L'exposition moyenne aux particules fines pendant la grossesse variait – pour l'essentiel de la population étudiée – de 10 µ/m3 à 30 µg/m3. Les niveaux les plus faibles ont été observés en Suède et en Norvège, les niveaux les plus élevés en Hollande et en Hongrie.

"Du point de vue sanitaire, il y a un vrai enjeu à poursuivre et renforcer les efforts de lutte contre la pollution de l'air urbain, insiste Rémy Slama, alors que l'Union européenne est en train de réfléchir à une révision de ses directives sur la qualité de l'air. Si les concentrations de particules fines étaient ramenées à 10 µg/m3 comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé, 22 % des cas de petits poids pour les nourrissons nés à terme pourraient être évités, soit autant que si toutes les femmes arrêtaient de fumer pendant leur grossesse."