Un examen avec une vidéocapsule, avalée comme un médicament, peut-il remplacer la coloscopie ? La fiabilité et les performances de ces "Pillcam" semblent, en tout cas, comparables à celles des techniques de référence pour détecter des polypes (lésions précancéreuses) du côlon de plus de 6 millimètres, comme le confirment de nouvelles données présentées à la Semaine de gastro-entérologie européenne, qui se tient jusqu'au 16 octobre à Berlin.

Déjà utilisées depuis une dizaine d'années pour explorer l'intestin grêle, des vidéocapsules (commercialisées par la firme israélienne Given Imaging) sont désormais aussi proposées, dans certaines conditions, pour l'examen du côlon ("Science & techno" du 7 avril 2012).

De la taille d'une grosse gélule, ces dispositifs sont équipés de deux caméras, qui prennent des clichés à un rythme de 4 à 35 images par seconde. L'exploration par vidéocapsule, qui nécessite la même préparation qu'une coloscopie, est réalisée lorsque cette dernière est contre-indiquée, qu'elle a été incomplète ou refusée par le patient.

UNE VASTE ÉVALUATION EST EN COURS

Une étude italienne conduite par le docteur Cristiano Spada (Rome), dont les résultats devaient être présentés le 16 octobre au congrès de Berlin, montre que dans les cas où la coloscopie est incomplète l'examen par vidéocapsule fait jeu égal avec la technique de référence, le coloscanner, pour détecter des polypes. L'essai, qui a inclus 100 patients, suggère même que la Pillcam est plus performante que le coloscanner pour les lésions plates ou qui siègent sur la partie droite du côlon.

Est-il envisageable que cette nouvelle technologie devienne un jour un examen de première intention à la place des coloscopies, dont la quasi-totalité sont réalisées sous anesthésie générale ? Pas si sûr. "Quand des polypes sont repérés lors d'une coloscopie, ils sont enlevés dans le même temps, ce qui permet de régler le problème en une seule fois, relève le professeur Robert Benamouzig, chef du service de gastro-entérologie de l'hôpital Avicenne (Bobigny) et consultant scientifique pour la firme Given Imaging. L'examen par vidéocapsule suffit le plus souvent s'il est négatif, ce qui est le cas chez deux tiers des patients. En revanche, si des polypes sont diagnostiqués avec cette technique, ils doivent être retirés par coloscopie."

En France, les Pillcam coliques ne sont pas encore commercialisées, mais une vaste évaluation est en cours, grâce à un observatoire national qui collecte des données depuis janvier 2011. Au total, sur le territoire, plus de 850 patients en ont déjà bénéficié, dans 120 centres privés ou publics.