Une étude propose de nouvelles balises pour le traitement clinique du VIH
Par Benje le lundi, décembre 16 2013, 17:20 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université de Montréal - Martin LaSalle
Une personne atteinte du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) court un risque plus élevé qu'on croyait d'être en situation d'échec virologique même lorsque le nombre de copies d'ARN du rétrovirus par millilitre de sang est légèrement au-dessus du seuil de détection.
C'est ce que révèlent les résultats d'une étude publiée récemment dans la revue scientifique Clinical Infectious Diseases et menée par Claudie Laprise, étudiante au doctorat au Département de médecine sociale et préventive de l'Université de Montréal. Cette étude a été réalisée en étroite collaboration avec des médecins de la Clinique médicale du Quartier latin de Montréal, à partir de données provenant des dossiers de 1860 personnes atteintes du VIH et couvrant une période de 12 ans. Près de 94 % des patients étaient des hommes.
Réduire au minimum la présence du rétrovirus
Les pronostics de survie des personnes aux prises avec le VIH se sont considérablement améliorés depuis l'avènement des traitements antirétroviraux, en 1996. L'antirétroviral agit en réduisant la présence du rétrovirus dans le sang des personnes infectées. Cela permet de maintenir les fonctions immunitaires requises pour éviter l'évolution de la maladie vers le syndrome d'immunodéficience acquise (sida).
D'un point de vue clinique, le test de charge virale mesure l'activité du VIH chez le patient et l'efficacité du traitement antirétroviral. L'objectif du traitement consiste à maintenir la charge virale sous le seuil de détection, qui se situe autour de 50 copies d'ARN viral par millilitre de sang.
Diminuer le risque d'échec virologique
Malgré les traitements, il arrive que le patient affiche une faible charge virale persistante, soit de 50 à 1000 copies d'ARN viral par millilitre de sang, pendant un certain nombre de mois.
Plus ces charges virales persistantes sont élevées, plus le patient est à risque de subir un échec virologique. "L'échec virologique, qui se définit dans notre étude comme une charge virale au-delà de 1000 copies par millilitre d'ARN viral dans le sang, est à éviter entre autres parce qu'il témoigne de la progression de la maladie", explique Claudie Laprise.
Un résultat surprenant
Les résultats obtenus par l'étude de Mme Laprise confirment que le risque de tomber en échec virologique est fonction de la charge virale persistante.
Ainsi, un patient dont la charge virale persistante se situe entre 500 et 999 copies d'ARN viral par millilitre de sang, après un suivi de six mois, court un risque cinq fois plus grand d'être en situation d'échec virologique, comparativement aux patients dont la charge virale est indétectable. Or, une faible charge virale persistante (de 50 à 199 copies d'ARN viral par millilitre de sang) double ce risque, soit autant qu'une charge virale persistante "moyenne" (de 200 à 499 copies d'ARN viral par millilitre de sang).
"Ce résultat a été une surprise pour nous, car nous ne croyions pas qu'une charge aussi faible que de 50 à 199 copies d'ARN viral par millilitre de sang, après six mois, pouvait entrainer un risque significatif d'être en échec virologique par la suite, raconte celle qui vient d'entreprendre un postdoctorat en épidémiologie des cancers associés à des maladies infectieuses à l'Université McGill.
Selon la jeune femme, il s'agit d'une donnée clinique très importante: pour l'heure, il n'existe pas encore de consensus quant à la voie thérapeutique à suivre en présence de cette faible charge virale persistante.
En effet, en pareilles circonstances, les médecins peuvent décider de modifier la thérapie du patient ou simplement de continuer de le suivre sans changer l'approche thérapeutique. "Dans la mesure où nos résultats seront confirmés par d'autres études, notre découverte pourrait fournir un nouvel élément dans l'appréciation de la situation des personnes infectées par le VIH, en raison du facteur de risque potentiel que nos données mettent au jour", conclut Claudie Laprise.
Qu'est-ce que le VIH-sida?
Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est un rétrovirus infectant l'être humain et responsable du syndrome d'immunodéficience acquise (sida), qui est un état affaibli du système immunitaire le rendant vulnérable à de multiples infections opportunistes. Transmis par plusieurs fluides corporels, le sida est aujourd'hui considéré comme une pandémie ayant causé la mort d'environ 25 millions de personnes entre 1981 (date du premier cas de sida diagnostiqué) et janvier 2006.
Bien que les traitements antirétroviraux permettent de maitriser le VIH, il n'existe encore aucun vaccin ou traitement définitif de la maladie. La prévention, qui passe notamment par les rapports sexuels protégés et la connaissance de son statut sérologique de manière à éviter les infections chez autrui, est le moyen de lutte le plus efficace.