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James Fallon, qui travaille sur le cerveau depuis des années, estime cependant qu'il est un "psychopathe prosocial".

Il l'a appris par hasard. James Fallon, un spécialiste américain des neurosciences, a découvert, lors de ses recherches, qu'il était lui-même un psychopathe, a relaté, vendredi 22 novembre, le magazine américain Smithsonian (en anglais).

Durant des années, le scientifique a analysé de nombreux cerveaux, de tueurs en série, de personnes dépressives, de schizophrènes, d'individus "normaux" ou encore de membres de sa famille. En octobre 2005, lors d'une de ses études, il constate, au scanner, que le cerveau d'un de ses proches montre une faible activité des zones associées au contrôle de soi, à la moralité et à l'empathie. Après vérifications, il découvre que ce cliché est celui de son propre cerveau.

Tous les psychopathes ne sont pas des tueurs

"Je n'ai jamais tué ni violé qui que ce soit", remarque le chercheur en neurosciences. Mais il admet avoir un caractère détestable : "J'ai un esprit de compétition odieux. Je ne laisse pas mes petits-enfants gagner des jeux. Je suis une sorte d'enfoiré qui fait des trucs débiles qui gonflent les gens", raconte le scientifique. Dans une interview au site spécialisé The Verge (en anglais), il admet apprécier manipuler les gens, avoir des pensées étranges mais ne pas agir en fonction d'elles.

James Fallon fait alors émerger le modèle du "psychopathe prosocial", une personne qui rencontre des difficultés à faire preuve d'empathie mais parvient malgré tout à se sociabiliser. Tous les psychopathes ne sont pas des tueurs en puissance : certains ont simplement des comportements psychopathiques, explique-t-il. Sans compter que la psychopathie n'est pas définie par un diagnostic simple et ferme, comme l'indique le DSM, livre référence des psychiatres et psychologues, publié par la Société américaine de psychiatrie.

Fort de cette découverte, le scientifique rejette le déterminisme biologique et souligne l'importance du cadre familial : "J'étais aimé, et ça m'a protégé." Il souligne que "l'envrionnement peut jouer un rôle, mettant les gènes sur 'on' ou sur 'off'". Reste qu'il compte parmi ses aïeux au moins sept tueurs.