Des scientifiques californiens sont parvenus à ajuster deux voies métaboliques de l'ADN du Caenorhabditis elegans pour augmenter sa durée de vie. Selon eux, le ver vivrait déjà l'équivalent de 400 à 500 ans de vie humaine. Cette étude pourrait aider au développement de traitements anti-âge, basés sur les interactions génétiques.

Et si vous pouviez vivre jusqu'à 500 ans ?

C'est en tout cas une possibilité que les chercheurs explorent. Ils essayent actuellement de savoir si la très longue vie des vers Caenorhabditis elegans, équivalant à 400 ou 500 ans humains, pourrait être appliquée aux hommes. Pour cela, une équipe de scientifique a chercher à modifier deux voies métaboliques génétiques d'un minuscule ver d'un millimètre. Leur objectif ? Booster l'espérance de vie de l'animal.

"Ce que nous avons obtenu, c'est une augmentation en synergie de la durée de vie d'environ cinq fois", explique le Docteur Pankaj Kapahi, du Buck Institute of Age Research en Californie et scientifique principal de l'étude. "Les deux mutations génétiques ont créé une boucle bénéfique au sein de tissus spécifiques, amplifiant l'espérance de vie. En temps normal, ces vers vivent l'équivalent humain de 400 à 500 ans", ajoute le chercheur, repris par le Daily Mail.

Cinq fois plus vieux Caenorhabditis elegans est le premier animal dont l'ensemble du génome a été décodé. Depuis, il est régulièrement utilisé pour les études sur la vieillissement et l'allongement de la durée de vie. Cette fois-ci, les scientifiques ont donc cherché à bloquer les molécules clés affectant l'action de l'insuline et d'une enzyme appelée "cible de la rapamycine" (TOR) qui régule la prolifération, la croissance, la mobilité et la survie cellulaire.

Grâce à une unique mutation dans la voie métabolique de la TOR, les scientifiques ont observé que la durée de vie des C. elegans augmentait de 30%. De leur côté, les mutations touchant l'insuline pouvaient jusqu'à doubler l'espérance de vie. En combinant les deux, les chercheurs s'attendaient à ce que la longévité soit boostée de 130%. Mais, les résultats ont largement dépassé leurs espérances, puisque les deux mutations ont quintuplé celle-ci.

Cela pourrait expliquer pourquoi il est si difficile d'identifier les gènes uniques responsables des très longues vies de certains centenaires. "Il est très probable que les interactions entre ces gènes soient très actives chez les personnes assez chanceuses pour vivre une longue vie en bonne santé", précise Pankaj Kapahi.

Une piste de traitement anti-âge ?

Désormais, les scientifiques prévoient de tester leurs hypothèses sur des souris pour vérifier que les mêmes effets se produisent chez les vers comme chez les mammifères. "L'idée serait d'utiliser les souris, génétiquement créées pour supprimer le signal de l'insuline puis de le traiter avec la rapamycine, un immunosuppresseur qui annule la voie métabolique de la TOR", explique le Docteur Kapahi. Evidemment, des années de recherche seront encore nécessaires avant de pouvoir même envisager d'allonger la durée de vie des hommes. Néanmoins, cette découverte pourrait être utilisée afin de mettre au point des traitements contre le vieillissement, grâce à des modifications génétiques.

"Dans les premières années, les recherches sur le cancer se sont focalisées sur les mutations d'un seul gène. Mais rapidement, il est devenu clair que différentes mutations sur un groupe de gènes menaient le processus de la maladie. La même chose pourrait se produire avec le vieillissement", relève le docteur Kapahi.