Source: BE Espagne numéro 132 (16/12/2013) - Ambassade de France en Espagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/ ... /74636.htm

Pour la première fois au monde, ces chercheurs ont réussi à synthétiser, en laboratoire, des molécules capables de se fixer sur le matériel génétique du virus du SIDA, et d'agir comme un inhibiteur de sa réplication. Cette étude emmenée par José Gallego, chercheur de l'Université Catholique de Valence San Vicente Martir, et à laquelle ont collaboré l'Institut Santé Carlos III, l'Université Catholique de Valence, le Centre de Recherche Principe Felipe et l'Université de Valence, a récemment donné lieu à une publication dans la revue Angewandre Chemie International Edition.

Le matériel génétique du virus du SIDA est formé d'un acide ribonucléique, ou ARN, qui code plusieurs protéines qui lui permettent de pénétrer les cellules humaines et s'y multiplier. La réplication du virus du SIDA comprend une première phase de transcription inverse suivie d'une réplication, qui ont lieu dans le cytoplasme de la cellule et qui conduisent à la traduction de l'ARN viral en ADN proviral double brin. L'ADN viral formé pénètre dans le noyau de la cellule, s'intègre au matériel génétique de la cellule hôte et est ensuite transcrit en ARN qui doit pouvoir sortir du noyau pour être traduit en de nouvelles protéines virales, et permettre au virus de se multiplier dans son hôte avant d'aller infecter de nouvelles cellules.

Les molécules synthétisées par l'équipe de José Gallego inhibent le passage du matériel génétique viral du noyau de la cellule infectée (où il est synthétisé) au cytoplasme de cette même cellule (où aurait lieu l'assemblage des nouveaux virus à partir des nouvelles copies du matériel génétique viral). Grâce à cette molécule de synthèse, le virus ne peut donc plus sortir de la cellule infectée pour aller en contaminer d'autres.

Ces nouveaux inhibiteurs du virus, appelés terphényles ont été élaborés de manière à reproduire les interactions d'une des protéines codées par le virus et dite protéine Rev, avec son ARN. Ainsi, les terphényles se lient spontanément au récepteur de Rev sur l'ARN viral, et prennent la place de la protéine, qui ne peut alors plus jouer son rôle habituel, qui est de permettre la sortie de l'ARN viral du noyau de la cellule.

Cette découverte est le résultat d'une étroite collaboration entre les trois groupes de recherche impliqués. La création assistée par ordinateur de la molécule a été prise en charge par l'Université Catholique de Valence, tout comme la vérification expérimentale de la capacité des terphényles à se lier au récepteur Rev sur l'ARN viral. Les molécules en elles même ont été synthétisées dans le laboratoire de chimie organique du Professeur Santos Fustero du Centre de Recherches de Principe Felipe et l'Université de Valence. Enfin, c'est l'équipe de José Alcami, de l'Institut de Santé Carlos III qui a démontré, par le biais d'expérimentation in-vitro sur des cellules infectées par le virus, que les inhibiteurs synthétisés bloquaient bien la réplication du VIH-1, et inhibaient la fonction de la protéine Rev, confirmant ainsi la validité des modèles générés en amont par les ordinateurs de l'Université Catholique de Valence.

Les résultats obtenus ont été qualifiés de particulièrement intéressants par la Angewandte Chemie International Edition, une des revues scientifiques les plus prestigieuses au monde dans le domaine de la chimie, qui les a publiés. Ils ont fait l'objet d'une demande de brevet, et les trois laboratoires impliqués dans le projet comptent poursuivre leur collaboration, en vue de l'amélioration des propriétés pharmacologiques de ces inhibiteurs synthétiques de la protéine Rev.