Nous nous ressentons tous comme moralement supérieurs à la moyenne. Et cette conviction vaut aussi pour les prisonniers. C'est ce que montre une étude menée par le professeur Constantin Sedikides, de l'université de Southampton, publiée dans le British Journal of Social Psychology (Journal britannique de psychologie sociale). L'étude, relayée par le magazine américain Pacific Standard, se fonde sur un questionnaire adressé à 79 criminels purgeant leur peine dans la même prison du sud de l'Angleterre.

Les prisonniers se sont évalués comme «plus moraux, plus gentil avec les autres [...], plus généreux, plus fiable, plus digne de confiance et plus honnête». Les participants se sont également évalués comme meilleur que le citoyen lambda sur tous les plans, à l'exception de l'obéissance à la loi, «où ils se considèrent comme aussi obéissant» qu'une personne normale.  «Ce qui peut constituer le point le plus surprenant, étant donné qu'ils sont incarcérés», conclut l'étude.

Le «better-than-average effect», l'idée selon laquelle on est meilleur que la personne moyenne, est une des théories les plus étudiées par la psychologie sociale. L'un des exemples fameux est celui de l'étude d'Ola Svenson, de l'université de Stockholm, sur les conducteurs suédois et américains, dont la conclusion était qu'une «majorité de sujets [93% des Américains et 69% des Suédois interrogés] s'estimaient plus doués et moins à risque que le conducteur moyen».

L’un des avantages, comme le note Sedikides dans son étude, et que cette estime de soi «peut introduire la confiance nécessaire pour persévérer dans des tâches difficiles.» Mais comme l’avait noté une étude de Justin Krueger, cette surestimation de soi est liée au fait que les sujets «se concentrent égocentriquement sur leurs propres capacités et ne prennent pas suffisamment en compte les capacités du groupe à comparer». Quand les capacités soumises à l’évaluation sont plus rares et plus difficiles, les sujets ont tendance à se considérer comme inférieurs à la moyenne.