Une équipe de chercheurs japonais est parvenue à recréer l'équivalent de 1% de la capacité du cerveau humain grâce à la puissance d'un "super ordinateur". Si la prouesse ne semble pas forcément phénoménale, la technologie évolue à une vitesse telle qu'il n'est pas inutile de se demander si les super ordinateurs ne nous rattraperont pas un jour.

Que signifie égaler, voire dépasser, les performances humaines ? S’il s’agit de faire de la course à pied, cela veut certainement dire aller plus vite. S’il s’agit d’haltérophilie, cela veut dire porter un poids plus lourd. Mais, s’il s’agit d’intelligence, est-ce que cela indique que l’on calcule plus vite ? Que l’on joue mieux aux échecs ? Que l’on mémorise plus de choses ? Que l’on découvre des lois naturelles plus rapidement ? Que l’on conçoit des théories scientifiques plus explicatives ? Que l’on interprète avec plus de pénétration les plus grandes œuvre de l’esprit ? A l’évidence, l’intelligence n’est pas quantifiable, car elle n’est pas unidimensionnelle ! Dès lors, comment chiffrer l’activité d’un cerveau humain pour la mettre en rapport avec celle d’une machine ? 

A cette première constatation, on doit en ajouter une seconde : depuis longtemps, les ordinateurs nous dépassent. Ainsi, ils multiplient plus rapidement que les plus grands calculateurs prodiges. Cela fait plus de quinze ans qu’ils remportent systématiquement les compétitions contre les champions du monde aux échecs. Et, en 2011, l’ordinateur Watson, conçu par la société IBM, l’a emporté aux États-Unis sur tous ses concurrents (humains) au jeu télévisé Jeopardy ! Bref, les ordinateurs dépassent, d’ores et déjà, bien des performances humaines.

De nombreuses applications en découlent. Par exemple, les ordinateurs nous aident à concevoir des théories scientifiques nouvelles. Cela correspond à ce que l’on appelle les e-sciences. Et, aux dires de la société IBM, l’ordinateur Watson que nous venons de mentionner, serait utile dans le domaine du diagnostic médical ou de la compréhension automatique du langage naturel. Mais, s’ils dépassent certaines capacités humaines, ils ne dépassent pas les hommes loin de là. D’ailleurs, que voudrait dire dépasser les hommes dans l’ordre de l’intelligence, lorsque l’on compare des capacités si disparates que celles de l’homme et celles de la machine ?

En dépit de cela, certains prétendent que l’augmentation exponentielle de la vitesse et des capacités de mémorisation des ordinateurs conduira, d’ici peu, à fabriquer des machines qui surpasseront l’homme au point d’être dotées d’une conscience. Cette transformation technologique qui nous rendrait inférieurs aux machines que nous avons produites adviendrait soudainement, comme une rupture dans le cours de l’humanité. C’est ce que d’aucuns appellent la « singularité technologique. » Certains la craignent, car ils pensent que ces machines prendront le pouvoir sur nous, d’autres s’en réjouissent, car ils croient que l’on pourra en profiter pour télécharger nos propres consciences sur ces machines, comme on télécharge des programmes informatiques sur un ordinateur, et devenir immortels. Ce scénario de science fiction imaginé par plusieurs auteurs au cours du vingtième siècle fait des émules non seulement chez des écrivains ou des scénaristes de films, mais aussi, chez de prétendus scientifiques. Pourtant, aucune validation scientifique ne lui donne plus de crédit que d’autres scénarios tout aussi imaginaires…