Qui n'a jamais eu la frousse de sa vie en apercevant, en pleine nuit, une forme spectrale au bout de son lit? Et qui n'a pas soutenu mordicus en se réveillant, après un hurlement digne des plus grandes actrices de films d'horreur, que si, la Dame blanche/l'araignée géante/l'extraterrestre (rayez la mention inutile) était bel et bien là, dans la chambre?

Dans un article intitulé«Comment vous pouvez être amené à croire que vous avez été enlevé par des extraterrestres», le site PSMag s'intéresse plus particulièrement aux témoignages d'«abductés». Autrement dit, de personnes persuadées d'avoir été enlevées par des petits hommes verts ou des Petit gris. 

La faute à notre cerveau, et particulièrement au phénomène de paralysie du sommeil, rappelle PSMag. «Des personnes qui font l'expérience d'être éveillées dans le monde du rêve de quelques secondes à dix minutes, le plus souvent avec des hallucinations à la sinistre connotation», pour reprendre les mots d'un article de 2009de Wired. 

Un mécanisme actif pour empêcher «que les membres obéissent aux mouvement de celui qui rêve»explique encore le célèbre auteur britannique Terry Pratchett dans La Science du Disque Monde. Une sorte d'«interrupteur mental»  en somme, qui peut avoir des défaillances: c'est là que la fête commence, et que la sensation de présences s'installe.

L'humanité entière connaît ce phénomène, et l'associe le plus souvent à un démon: une vieille harpie à Terre-Neuve ou un fantôme gris au Vietnam, résument de concert Wired et Pratchett. La forme que prend ce démon du sommeil varie en fonction de la culture populaire du moment: sorcières, fantômes ou aliens, dont la forme des vaisseaux décrits dans les récits, souligne Pratchett, a énormément changé au fil des années.

Ces expériences aussi terrifiantes que banales prouvent que toutes les entités paranormales –ou dont l'existence n'a jamais été démontrée en tout cas–, existent bel et bien, tout du moins dans notre tête. «L'esprit humain conserve parfois des images puissantes qui ne correspondent pas à la réalité», commente Pratchett, qui note que «si la majorité de ces récits sont faux, [...] l'essentiel est que, pour les victimes, l'expérience ait paru réelle».

Des tours de l'esprit dont la force intéresse tout particulièrement PSMag, qui rappelle une expérience menée dans les années 1990 par un psychiatre d'Harvard, un certain John E. Mack, sur 200 personnes persuadées d'avoir été enlevées par les extraterrestres: «Si Mack n'a jamais dit clairement qu'il croyait que ces personnes avaient effectivement été abductées, il qualifiait leurs expériences de "phénomène puissant" qu'il ne pouvait pas vraiment expliquer. Il croyait qu'ils croyaient.»

C'est aussi la conclusion d'une autre psychologue américaine, Susan Clancy, qui estime que les récits d'abductions sont dus à «un mélange toxique de cauchemars, de culture populaire (les témoignages d'abduction ont commencé seulement après les histoires d'extraterrestres diffusées dans les films et à la télévision), et une puissante attraction pour des choses dont la science ne peut expliquer la signification», décrit sur son site l'Harvard University Press.

Tant et si bien que les abductés ne regrettent pas leur rencontre du troisième type; ce qui fait dire à Susan Clancy: «Etre abducté pourrait être le baptême de la nouvelle regilion de ce millénaire.»

Mais au final, «qui sait?», rien ne nous empêche de croire ne serait-ce qu'un peu à ces histoires, conclut la journaliste de PSMag: «C'est la chose que je préfère avec les théories du complot sur les ovnis et le monde surnaturel dans son ensemble –c'est un grand éventail de "peut-être".»