Pour se soulager sans gratter une zone qui démange, il est, de façon étonnante, possible de se frotter à un endroit à l'aide d'un miroir stratégiquement placé. Selon une étude allemande, les signaux visuels prendraient alors tout simplement le pas sur les informations que transmet le corps au cerveau.

Vous êtes victime de démangeaisons ? Mais vous voulez à tout prix éviter de gratter la zone sensible qui vous démange ? Alors vite, allez devant un miroir ! A première vue le rapport n’est pas évident, mais une équipe de l’université allemande de Lübeck a fait une étonnante découverte : si votre bras droit vous démange, vous gratter le bras gauche devant un miroir peut permettre de vous soulager.

L’étude, publiée fin décembre sur PLoS ONE, a été menée sur 26 hommes volontaires. Ces derniers ont reçu des injections d’histamine. Il s’agit d'une molécule de signalisation du système immunitaire qui est notamment responsable de l'apparition du prurit. C'est-à-dire, les démangeaisons au niveau de la peau. Ce procédé a ainsi laissé une marque rouge sur le bras des sujets. Un point que les chercheurs ont exactement reproduit sur l'autre bras.

Un miroir sur la tranche

Comme premier test, l’équipe menée par Christoph Helmchen, a gratté séparément les deux bras des sujets. Ce n’est alors bien sûr que sur le bon bras que le grattage a soulagé les démangeaisons des volontaires. Ces derniers ont ensuite tendu leurs bras sur une table et un miroir a été placé vers le milieu, la tranche en direction des volontaires. Ainsi, ils ne pouvaient plus directement voir leur bras qui gratte : ils voyaient seulement le reflet de leur bras sain à la place. Lorsqu’ils fixaient le miroir et qu’ils étaient grattés sur le "mauvais" bras, ils voyaient la scène se dérouler à l’endroit où se trouvait le bras qui les démangeait. Ils se retrouvaient alors soulagés, bien que la zone de l’injection n’ait pas été touchée !

25% de soulagement

L’effet s'est cependant avéré plus faible. D'après les chercheurs, il correspond à un quart du soulagement ressenti quand les volontaires étaient grattés au bon endroit. L’expérience a ensuite été conduite une seconde fois à l’aide de vidéo en temps réel au lieu d’un miroir. Les résultats ont alors été identiques. "Dans les deux expériences, gratter le membre sain a atténué significativement et sélectivement l'intensité des démangeaisons, avec le miroir, c'est-à-dire que l'avant-bras sain a été visuellement perçu comme le membre démangeant", ont expliqué les chercheurs. Cela montre que l’on peut tromper le cerveau avec un signal visuel, même si le corps envoie une information contradictoire. "Cet effet pourrait être dû à un accord perceptuel transitoire et illusoire entre les signaux visuels, tactiles et proprioceptifs", ont commenté les scientifiques dans l'étude. Autrement dit, le cerveau aurait l'impression ou ferait comme si, pendant un instant, les signaux visuels et sensitifs s'accordent alors que ce n'est pas le cas.

De nouvelles possibilités

Cette découverte ouvre de nouvelles possibilités dans le domaine des démangeaisons chroniques ainsi que les sensations de membres fantômes, lorsqu'un patient a l'impression de sentir un membre alors que celui-ci est manquant ou a été amputé. Même avec seulement 25% de soulagement, cela permettrait déjà d’aider certains patients sans qu’ils aggravent leur cas en grattant une zone malade, ont estimé les chercheurs.