David Buttelmann and Robert Böhm, de l’université d’Erfurt en Allemagne, viennent de publier une étude dans Psychological Science sur le favoritisme des enfants envers le groupe auquel ils se sentent appartenir.

Dans l’expérience, décrite dans le Pacific Standard, des enfants de 6 ans et de 8 ans étaient regroupés en groupes de 10, et divisés entre membres de deux sous-groupes, les «verts» et les «jaunes». Ils étaient placés à des côtés opposés du laboratoire et portaient un t-shirt de la couleur de leur groupe.

Les enfants devaient jouer à un jeu vidéo dans lequel ils devaient allouer des objets positifs, comme un cookie ou un ours en peluche, ou négatifs, comme une araignée ou du verre cassé, à une marionnette habillée des couleurs de chaque groupe. Une troisième option, représentée par une boîte, permettait de déposer un objet non voulu sans nuire à son propre groupe ni s’engager dans une action hostile vis-à-vis de l’autre groupe.

L’expérience a révélé que si l’amour de son propre groupe était déjà présente chez les plus jeunes enfants, puisqu’ils ont donné les objets positifs au représentant de leur groupe dans 75% des cas, ce biais en faveur de son groupe était encore plus fort chez les enfants âgés de 8 ans.

Mais la différence concerne surtout les objets non voulus: le groupe des enfants de 6 ans en a donné 51% à l’autre groupe, 12% à son propre groupe et en a mis 37% dans la boîte. Le groupe des enfants de 8 ans en a donné 71% à la marionnette des autres, 4% à son groupe et 25% à la boite neutre.

La motivation principale des enfants de 8 ans était selon les chercheurs la haine vis-à-vis du groupe extérieur, et les garçons se sont montrés encore plus cruels. 

Comme le rappelle Psychology Today, Jane Elliot, enseignante américaine, avait après l’assassinat de Martin Luther King montré à quel point il était facile de monter les enfants les uns contre les autres.

Pour les auteurs de l’étude allemande, parents et enseignants peuvent profiter de la fenêtre de tir qui existe entre 6 et 8 ans, puisque l’amour pour le groupe des pairs semble se développer plus tôt que la haine ou le rejet de groupes extérieurs. Ils doivent donc profiter de «la nature inhérente humaine à être prosocial», écrivent-ils, ajoutant que «l’on devrait enseigner dès la maternelle aux enfants, et en particulier aux garçons, que la coopération à l'intérieur du groupe et la loyauté ont de la valeur et sont bénéfiques à l'humanité, seulement si elles n'impliquent pas le dénigrement des groupes extérieurs dans le même temps».