Source: Université de Grenade

Des chercheurs de l'Université de Grenade découvrent pour la première fois une interaction alostérique (ou mécanisme régulateur par lequel les enzymes peuvent s'activer ou se désactiver) entre cette protéine, qui fait partie de l'enveloppe du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), et un anticorps qui neutralise le virus.

Des chercheurs de l'Université de Grenade ont découvert pour la première fois une interaction alostérique (ou mécanisme régulateur par lequel les enzymes peuvent s'activer ou se désactiver) entre cette protéine, qui fait partie de l'enveloppe du virus de l'immunodéficience humaine (VIH), et l'anticorps 2F5, un puissant neutralisateur du virus. Cette importante avancée scientifique pourrait aider à comprendre les mécanismes de génération de réactions d'immunité et orienter le dessin de futurs vaccins contre le virus du VIH.

Bien que les thérapies antirétrovirales modernes aient permis d'améliorer énormément le traitement du SIDA, leur coût élevé empêche que ces traitements soient appliqués aux populations les plus défavorisées. De plus, ces médicaments n'éliminent pas complètement le VIH vu que celui-ci reste latent, avec danger de résurgence de la maladie si l'on abandonne la thérapie. C'est la raison pour laquelle l'espérance majeure pour le contrôle de la pandémie reste le développement d'un vaccin contre le VIH.

Cependant, après plusieurs décennies d'intense recherche, on n'a pas encore obtenu de vaccin effectif. La raison principale est l'énorme capacité du VIH à éluder notre système immunologique en se cachant moyennant une grande variabilité de ses protéines ou en le confondant avec des réactions immunologiques qui s'avèrent inefficaces contre l'infection.

Le travail réalisé par les chercheurs de l'Université de Grenade, récemment publié dans la revue The Journal of Biological Chemistry, s'encadre dans la ligne de recherche de nouvelles stratégies thérapeutiques d'immunisation qui essaient d'introduire des anticorps neutralisants similaires à ceux qui apparaissent à de bas niveaux chez des patients infectés par le VIH. Un de ces anticorps, le 2F5, fait l'objet d'une étude intense dû à sa grande capacité de neutralisation.

L'anticorps 2F5 reconnaît un épitope de la protéine gp41 qui fait partie de l'enveloppe du VIH. La gp41 est une protéine qui varie relativement peu, vu que son activité est essentielle pour l'invasion des lymphocytes T par le virus, par le fait de promouvoir la fusion entre les membranes virale et cellulaire. L'anticorps 2F5 est capable de bloquer cette fusion en s'unissant à la gp41, protégeant ainsi les cellules de l'infection par le VIH.

Consortium européen
Tel que l'explique l'auteur principal de cette recherche, le professeur de Chimie Physique de l'Université de Grenade Francisco Conejero Lara, "un parmi les grands objectifs de la recherche actuelle sur des vaccins contre le VIH consiste à arriver à introduire des anticorps neutralisants similaires au 2F5 moyennant l'immunisation avec un vaccin approprié. Pour y arriver, les études sur la façon dont l'anticorps 2F5 reconnaît l'épitope dans la gp41 sont fondamentales vu qu'elles peuvent orienter le dessin de vaccins effectifs."

C'est dans ce but qu'un consortium européen de collaboration à grande échelle, dont l'acronyme est "Euroneut-41", financé par le VII Programme-Cadre de l'Union Européenne, essaie de dessiner et de développer des immunogènes basés sur la protéine gp41 pouvant mener à des vaccins contre le VIH. À ce consortium participent seize institutions européennes: des entreprises, des universités, des instituts de recherche et des hôpitaux dont l'objectif final est de développer des candidats au vaccin contre le VIH.

Le groupe de recherche "Biophysique et Biotechnologie Moléculaire FQM-171", du département de Chimie Physique de l'Université de Grenade, dirigé par les docteurs Pedro Luis Mateo et Francisco Conejero Lara, est le seul groupe espagnol dudit consortium et participe au dessin moléculaire et à la caractérisation biophysique de divers candidats à vaccin basés sur la protéine gp41.

Dans ce travail, les chercheurs ont étudié par calorimétrie à titrage isotherme l'interaction entre l'anticorps 2F5 et deux fragments différents de la protéine gp41 contenant son épitope. Leurs résultats ont contribué à dessiner de façon plus précise les contributions des différentes régions de l'épitope de gp41 à l'énergie de l'union avec l'anticorps.

Référence: Thermodynamic analysis of the binding of 2F5 Fab and IgG to its gp41 epitope reveals a strong influence of the immunoglobulin Fc region on the affinity. Sara Crespillo, Salvador Casares, Pedro L. Mateo and Francisco Conejero-Lara. The Journal of the Biological Chemistry.
L'article est disponible sur le site: http://www.jbc.org/content/early/2013/1 ... 9.abstract