Avec AFP - La communauté scientifique est en ébullition depuis la publication d'une étude controversée sur les cellules souches.

Tonnerre dans la communauté scientifique. La revue spécialisée Nature a publié le 29 janvier une étude présentant une manière "étonnamment simple", selon ses mots, de créer des cellules dites STAP, équivalent des cellules souches. Mais la jeune chercheuse de 30 ans à l'origine de ces révélations, Haruko Obokata, est accusée d'avoir présenté des images et données erronées.

Que dit l'étude?

Haruko Obokata travaille depuis cinq ans sur les cellules STAP. Ce sont des cellules normales, appelées matures, rendues indifférenciées artificiellement. Elles peuvent donc avoir, à quelques restrictions près, le même usage que les cellules souches et posent moins de problèmes d'éthique que ces dernières.

Dans son article publié par Nature, la jeune chercheuse et sept de ses collègues ont affirmé avoir créé des cellules STAP via un processus relativement simple. Aucun prélèvement sur des embryons ni recours à la génétique n'est requis: 25 minutes dans une solution légèrement acide, 5 autres dans une centrifugeuse et une semaine dans une solution de culture.

Pourquoi les résultats sont-ils contestés?

La contestation porte sur deux points. Le premier concerne les images. Charles Vacanti, un des coauteurs de l'article, a découvert la semaine dernière, d'après la revue Nature, que certaines d'entre elles étaient étrangement ressemblantes entre elles. Il a d'ailleurs repéré la même chose dans un autre papier écrit avec la chercheuse japonaise en 2011. Mais l'auteur des images incriminé, le spécialiste du clonage Teruhiko Wakayama, affirme qu'Obata a pu se tromper, étant donné qu'il lui a envoyé plus de 100 photographies.

La véracité même des recherches est aussi remise en cause. Dix chercheurs en pointe sur les cellules souches ont contesté les résultats du fait de leurs échecs à reproduire les travaux de Haruko Obokata. Qi Zhou, spécialiste chinois du clonage, a toutefois relativisé ces résultats, arguant que "la mise en place de l'expérience est difficile". Il a ajouté qu'il ne jugeait pas "la véracité du travail" simplement par son "incapacité à reproduire la technique" dans son laboratoire.

Comment s'est défendue la chercheuse?

La revue Nature a tenté de joindre Haruko Obokata, sans succès. Toutefois, le laboratoire qui l'emploie, le prestigieux institut Riken, a annoncé vendredi avoir créé une commission pour enquêter sur " ces allégations " qu'il prend " très au sérieux ". Le directeur de l'institut, le prix Nobel de chimie Ryoji Noyori, a par ailleurs présenté ses excuses "pour cette parution qui a secoué la crédibilité de la communauté scientifique".

Le rapport d'étape présenté vendredi donne plusieurs explications en réponse aux remarques soulevées qui montrent à ce stade que les contestations avancées n'ont pas nécessairement lieu d'être, mais reconnaît aussi d'étranges coïncidences.