Source: CNRS-INEE

Quoi de plus naturel que de vieillir ? Et pourtant, jusqu'à présent, aucune expérimentation n'a démontré que le patrimoine génétique des plantes, et leurs caractères changeaient, de concert avec l'âge. C'est désormais chose faite grâce notamment à des chercheurs du laboratoire Evolution et Diversité Biologique - EDB (CNRS/Université Toulouse III Paul Sabatier/ENFA) qui ont étudié la senescence d'une petite plante: le compagnon blanc.

Une fois qu'un être vivant s'est reproduit, autrement dit qu'il a transmis ses gènes à sa descendance, on pourrait penser que son patrimoine génétique n'a plus d'impact sur l'évolution de l'espèce et donc n'évolue plus. Or, il n'en est rien. En 1980, les biologistes Michael Rose et Brian Charlesworth ont réussi à modifier certains paramètres du vieillissement chez la drosophile, en l'occurrence sa durée de vie, apportant la preuve que la sénescence pouvait évoluer. Mais qu'en est-il chez les plantes ? "On a parfois l'impression que les plantes échappent aux contraintes du vieillissement - contrairement aux animaux - et que certaines sont immortelles, sans doute parce que certains arbres vivent très vieux, constate Benoît Pujol, biologiste au laboratoire Evolution et Diversité Biologique. Mais il n'y a aucune raison qu'elles ne soient pas soumises à une sénescence programmée et que leur variabilité génétique n'évolue pas aussi avec le temps".

Pour apporter des preuves à cette hypothèse, les chercheurs ont donc cultivé une petite plante pérenne de l'espèce Silene latifolia (compagnon blanc). A chaque âge, et sur 3 générations de plantes, ils ont alors mesuré le nombre et la taille de 20 988 fleurs - deux caractères héritables qui jouent un rôle dans la sélection naturelle. Résultats ? Les caractéristiques des fleurs varient avec l'âge et la variation génétique augmente au cours du temps. "Cette augmentation de la variabilité génétique avec l'âge démontre bien, de manière indirecte mais statistiquement robuste, que la sénescence évolue et qu'elle est héréditaire, affirme Benoit Pujol. Il existe bien une signature génétique de l'évolution de la sénescence chez les plantes".

Ces résultats remettent ainsi en cause un dogme de la biologie végétale qui affirmait que le vieillissement des plantes ne touchait que certains organes et ne s'inscrivait pas dans l'évolution. Le vieillissement des plantes influencerait, au contraire, comme chez les animaux, l'évolution de l'espèce au cours du temps.