Source: CNRS-INEE

Plesiadapis est le plus proche cousin des "primates vrais", le groupe auquel l'homme et les grands singes actuels appartiennent. Une reconstitution du cerveau de ce petit animal disparu il y a 52 millions d'années, à laquelle ont collaboré des équipes de l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier - ISEM (CNRS/Univ.Montpellier 2/IRD) et du Centre de recherche sur la paléobiodiversité et les paléoenvironnements - CR2P (CNRS/MNHN/UPMC/EPHE), suggère que la structure de l'encéphale des primates s'est modifiée avant même que sa taille n'augmente.

Les primates sont caractérisés par un cerveau de grande taille relativement à leur masse corporelle. L'étude du cerveau de Plesiadapis, un petit primate ayant vécu entre 58 et 52 millions d'années, suggère que l'augmentation du volume de l'encéphale n'est pas le seul effet de l'évolution. La structure même de ce tissu mou a elle aussi subi de remarquables transformations. Pour arriver à ce résultat inédit, une équipe internationale de chercheurs a utilisé le dernier-né des scanners - le microtomographe à rayons X - afin de percer les mystères d'un crâne fossilisé de Plesiadapis conservé dans les collections du Muséum d'histoire naturelle. "Cette technologie donne à voir ce qui se cache à l'intérieur des fossiles et permet d'accéder à des informations nouvelles, comme la forme de l'endocrâne" indique Maëva Orliac, chercheuse CNRS à l'Institut des sciences de l'évolution de Montpellier (ISEM) et co-auteur de l'article paru dans Proceedings of the Royak society B.

Grâce aux marques laissées par le cerveau de Plesiadapis sur la surface interne du crâne, les chercheurs ont pu reconstituer la forme et l'apparence globale de celui-ci. "Contrairement à ce que l'on imaginait, le néocortex (le siège des fonctions supérieures chez les primates) de Plesiadapis a une surface lisse, semblable au cerveau d'un petit rongeur, et un volume encéphalique peu important, décrit la paléontologue. La morphologie générale du cerveau, notamment la position relativement basse des bulbes olfactifs (aujourd'hui quasi-invisibles chez l'homme), préfigure en revanche celle des "primates vrais", le groupe dont nous faisons partie". De quoi mettre un terme à l'obsession du volume et montrer que les modifications structurelles - même discrètes - sont au moins aussi importantes dans l'évolution du cerveau des primates.