Source: Université de Montréal - William Raillant-Clark

La méditation de pleine conscience pourrait atténuer certains symptômes du cancer chez les adolescents, conclut un essai clinique dirigé par des chercheuses de l'Université de Montréal et du CHU Sainte-Justine, le centre hospitalier mère-enfant affilié à l'Université. La méditation de pleine conscience consiste à se concentrer sur l'instant présent et sur le lien entre le corps et l'esprit. Les adolescents qui vivent avec le cancer subissent bien plus que les symptômes physiques de la maladie : l'anxiété et l'incertitude entourant l'évolution de la maladie, l'appréhension de la souffrance physique et émotionnelle associée à la maladie et aux traitements, les changements de vie majeurs imposés par le cancer et la crainte d'une rechute après la rémission font aussi partie de leur réalité. Catherine Malboeuf-Hurtubise, du Département de psychologie de l'Université, a présenté ses découvertes le 13 mars dernier au congrès de l'American Psychosomatic Society à San Francisco.

Les chercheuses ont demandé à 13 adolescents atteints de cancer de remplir des questionnaires sur leur humeur (émotions positives et négatives, anxiété et dépression), leur sommeil et leur qualité de vie. Le groupe était divisé en deux : un premier groupe de huit adolescents a suivi huit séances de méditation de pleine conscience, et les cinq autres adolescents, le groupe-témoin, ont été placés sur une liste d'attente. Les huit séances hebdomadaires étaient d'une durée de 90 minutes. Après la dernière séance de méditation, les patients des deux groupes ont rempli les mêmes questionnaires une deuxième fois. " Nous avons analysé les différences dans les scores d'humeur, de sommeil et de qualité de vie chez chaque participant, puis entre les deux groupes, pour évaluer si les séances de méditation avaient eu un impact plus grand que le simple passage du temps. Nous avons découvert que les adolescents qui ont suivi les séances de méditation ont obtenu des scores de dépression plus bas après les huit séances. Les filles du groupe de méditation ont signalé qu'elles dormaient mieux. Nous avons aussi remarqué que les filles avaient développé davantage leurs habiletés à exercer la méditation de pleine conscience que les garçons durant les séances ", explique Mme Malboeuf-Hurtubise. " Nos résultats suggèrent que des séances de méditation de pleine conscience pourraient contribuer à une amélioration de l'humeur et du sommeil chez les adolescents atteints du cancer, comme des recherches antérieures en oncologie tendent à le démontrer chez les adultes. "

Les différences entre les deux groupes n'étaient pas assez grandes pour que les chercheuses attribuent les bienfaits observés au seul exercice de la méditation durant les séances. " Le soutien social apporté aux adolescents du groupe de méditation pourrait expliquer les bienfaits observés sur l'humeur et le sommeil, nuance la Mme Malboeuf-Hurtubise. Néanmoins, les interventions basées sur la méditation de pleine conscience pour les adolescents atteints du cancer semblent une avenue prometteuse pour atténuer la détresse psychologique concomitante au cancer. " Les chercheuses comptent offrir aux membres du groupe-témoin la chance de suivre eux aussi les séances de méditation.

Remarques : Les travaux de recherche ont été supervisés par la professeure Marie Achille, du Département de psychologie de l'Université de Montréal. La Dre Majorie Vadnais, du CHU Sainte-Justine, affilié à l'Université de Montréal, faisait également partie de l'équipe de recherche et a contribué au recrutement des participants. Marine Hardouin était l'assistante de recherche de Mme Malboeuf-Hurtubise. Le professeur Serge Sultan, chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur au Département de psychologie et au Département de pédiatrie de l'Université de Montréal a contribué à la conception de l'étude.