MEDECINE - Cette pathologie rare est en augmentation de 20% sur les 30 dernières années…

Entre le cancer de la prostate et des testicules, les hommes n'étaient pas beaucoup épargnés, mais les voici obligés de faire face à une pathologie en pleine expansion: le cancer du pénis. Selon une étude parue dans Cancer Causes and Control, il serait en augmentation de 20 % sur les 30 dernières années même s'il reste très rare (1 cas sur 100.000 personnes). Les MST et surtout l'hygiène peuvent en être la cause.

Quels sont les symptômes? Messieurs, si vous êtes porteur d'une lésion bourgeonnante au niveau du gland, inquiétez-vous. Généralement, le cancer se manifeste par «l'apparition d'une rougeur, localisée et constante», indique le professeur Pierre Mongiat-Artus urologue à l'hôpital Saint-Louis à Paris. Puis celle-ci se transforme en boursouflure, ou tumeur «sous forme de chou-fleur» décrit le spécialiste. «C'est alors qu'apparaît la dysacariose cellulaire» poursuit le docteur Patrick Constancis, andrologue et urologue, pour évoquer l'apparition des cellules malignes. La visibilité est donc externe et la tumeur n'est pas forcément douloureuse. Mais en matière d'urologie, les médecins observent régulièrement des cas de patients capables de repousser le seuil de la douleur avant de consulter.

Comment s’en prémunir? Il n’existe pas vraiment de politique de prévention en tant que telle. Mieux vaut se protéger lors des rapports pour éviter les MST, dont le papillomavirus, qui peut aboutir à un cancer. L'affaiblissement des défenses immunitaires et le manque d’hygiène seraient également responsables de cette recrudescence. «Les gens qui ne se lavent pas ont une pullulation microbienne qui peut entraîner une inflammation impliquée dans le développement de ce cancer», poursuit Pierre Mongiat-Artus. Selon les médecins, le protocole de nettoyage classique est le suivant: décalottage complet, nettoyage à l'eau, au savon standard, séchage. Aux toilettes, veillez aussi à bien essuyer votre gland, ne pas laisser l’urine acide s’infiltrer sous le prépuce, ce qui entraîne des inflammations. Enfin vient le débat sur la circoncision. Pour Patrick Constancis, l’une des solutions peut être «l’ablation du prépuce qui protège d’une surinfection». Mais Pierre Mongiat-Artus s’y oppose: «C’est comme si je prônais l’absence de chaussettes parce que ça sent moins mauvais. Si vous vous lavez, je ne vois pas en quoi les chaussettes sentiront mauvais. La circoncision serait inutile dans cette circonstance, car n'a pas fait la preuve de son utilité pour prévenir le cancer du pénis

Comment le soigner? Si le cancer est détecté très tôt, des pommades peuvent être appliquées. Par la suite, une ablation de la tumeur doit être envisagée. Quand celle-ci est importante, "la chirurgie doit alors être souvent mutilante", poursuit le professeur Pierre Mongiat-Artus. D’où l’importance de prendre un avis médical de façon précoce. La place de la chimiothérapie est très limitée, uniquement pour les formes métastatiques. La radiothérapie est exceptionnellement utilisée, sous forme d’une curiethérapie (implantation de fils radioactifs au sein de la tumeur).

Quelles complications? Attention, serrez bien les dents avant de lire ce qui suit. Dans les cas les plus extrêmes, les chirurgiens sont contraints d’aller jusqu’à l’amputation. «C’est la vie ou la mort, note Constancis. La tumeur peut vous emporter. Il faut choisir, c’est la sexualité ou la vie.» Sans pénis, il est en revanche encore possible d’uriner. Debout, avec «un moignon» de pénis, comme le décrit le spécialiste. Mais s’il ne reste pas suffisamment de «verge saine», il faut alors procéder à une uréthérostomie périnéale. On abouche alors le canal de l’urètre entre le scrotum et l’anus de ces messieurs, contraints d’uriner assis. Oui, à vie.