Par Maggie Fox Reuters - Mercredi 12 mars, 07h17 - WASHINGTON (Reuters) - Version française Natacha Crnjanski

Une météorite qui s'est abattue sur le Pérou en septembre, creusant un profond cratère, se déplaçait plus vite et a frappé plus fort qu'on aurait pu le penser, ont annoncé mardi des chercheurs.

La météorite, qui a creusé un cratère de 15m de diamètre, était faite de roche et, en théorie, aurait dû se désintégrer dans l'atmosphère bien avant d'atteindre la surface de la Terre, a déclaré Peter Schultz, professeur de géologie à l'université Brown de Rhode Island.
Ce fut peut-être le cas, mais les morceaux sont restés solidaires et se déplaçaient à 24.000km/h au moment de l'impact, a-t-il expliqué lors d'une conférence sur les sciences planétaires et lunaires au Texas. Généralement, seules les météorites faites de métal atteignent la surface de la Terre suffisamment intactes pour y creuser un cratère. "Elles arrivent dans l'atmosphère, elles ralentissent, et elles explosent", a expliqué Schultz dans une interview téléphonique. "Cela peut faire un trou dans le sol, comme un puits, mais pas un cratère. Mais cette météorite a continué à se déplacer à une vitesse 40 à 50 fois plus rapide que ce à quoi on pouvait s'attendre."

Elle a atterri dans un arroyo, ou rivière à sec, et le trou creusé s'est rapidement rempli d'eau souterraine. Selon Schultz, les observations faites par son équipe à cette occasion donnent à penser que les chercheurs devraient revoir leurs théories sur la façon dont des objets peuvent frapper les planètes.

Remise en question
Des dizaines de personnes qui sont allées voir le cratère, situé près du lac Titicaca et de la frontière avec la Bolivie, se sont plaintes de vomissements et de maux de tête. Certains se demandent si le bruit et le trou ont vraiment été causés par la météorite.

"C'est l'une des raisons pour lesquelles nous y sommes allés. Nous voulions distinguer la réalité de la fiction", a expliqué Schultz. "Dire que beaucoup de personnes ont été malades était exagéré. Elles n'ont pas été malades, elles étaient surprises."

Une équipe du Centre spatial Johnson de Houston a analysé deux morceaux de roche gris foncé tirés de la météorite et ont dit lors de la conférence qu'elle ne ressemblait pas aux météorites en provenance de sources connues telles que Mars.

Schultz a expliqué le bruit suscité par l'impact par le fait que la masse rocheuse tournait et avançait à très grande vitesse. "Nous ne nous attendions pas à ça", a-t-il dit. "A tel point qu'on a été nombreux à penser que c'était un faux. Cela ne cadrait pas du tout avec notre compréhension de la façon dont se comportent les météorites."

A une telle vitesse, les fragments ne se détachent peut-être pas de l'objet en franchissant l'onde de choc autour de la météorite, qui joue le rôle de barrière, a-t-il ajouté. "Elle est devenue tellement compacte qu'elle a pénétré l'atmosphère terrestre plus efficacement", a expliqué Schultz. Il a comparé le phénomène à un groupe d'oies volant l'une derrière l'autre, dans leurs formations en "V".

Selon le chercheur, cette découverte pourrait remettre en cause l'idée traditionnelle selon laquelle toutes les petites météorites rocheuses se désintègrent avant de toucher la Terre.