La vie de tous les êtres vivants est rythmée par une horloge interne qui régule leur comportement et leur physiologie pendant les vingt-quatre heures de la journée. Chez les mammifères, l'horloge interne principale est située dans une région du cerveau, le "noyau suprachiasmatique" de l'hypothalamus. Des chercheurs de l'université de Manchester (Royaume-Uni) viennent d'identifier le signal complexe envoyé par le cerveau au reste de l'organisme pour contrôler les rythmes biologiques. Cette découverte est publiée dans la revue Science.

Ces scientifiques ont démontré, chez la souris, que certains neurones entretenaient un état de grande excitation électrique (qui tuerait la plupart des autres neurones du cerveau), mais ne se déchargeaient pas pendant la journée. Ils se déchargent brièvement au crépuscule, puis restent silencieux la nuit, avant de libérer une autre salve de décharges à l'aube. C'est le signal envoyé par le cerveau au reste de l'organisme pour contrôler les rythmes circadiens. Cette découverte ouvre, selon ses auteurs, la perspective de pouvoir développer de nouvelles approches pour le traitement des problèmes d'insomnie et de jet-lag, voire des maladies influencées par l'horloge interne (cancer, Alzheimer, troubles de l'humeur).

À tous ceux qui sont intéressés par la chronobiologie, André Klarsfeld, spécialiste de génétique moléculaire des rythmes circadiens au CNRS, propose un livre intéressant intitulé Les Horloges du vivant - Comment elles rythment nos jours et nos nuits (Éditions Odile Jacob, 316 pages, 23,50 euros). Il y dresse le panorama de nos connaissances en la matière, retraçant l'historique des découvertes sur le sujet et analysant les acquis aux retombées médicales potentielles.

La compréhension du fonctionnement de "l'horloge principale" a bénéficié des progrès des outils de la génétique moléculaire permettant d'identifier des "gènes d'horloge" au sein de nombreuses cellules. "Reste à comprendre le langage que ce chef d'orchestre emploie avec ses musiciens et comment ces derniers remplissent leur fonction, écrit André Klarsfeld. Ces deux domaines majeurs de recherche pourraient en effet avoir des retombées médicales potentielles immenses." La publication dans Science va dans ce sens.