Inhiber le cancer de la prostate sans perturber les processus physiologiques habituels
Par Benje le vendredi, août 13 2010, 12:09 - Nouvelles Scientifiques - Lien permanent
Source: Université McGill (William Raillant-Clark, Service des relations avec les médias - Tél.: 514-398-2189)
Des chercheurs découvrent comment une enzyme facultative gouverne la croissance tumorale.
Une kinase est une sorte d’enzyme que le corps utilise pour réguler les
fonctions des protéines nécessaires à la croissance et à la maintenance
cellulaires. Des chercheurs viennent de découvrir qu’une certaine kinase
en particulier joue un rôle clé dans la progression du cancer de la
prostate. "On la nomme ‘Mnk’ et, bien qu’elle ne semble pas essentielle
au maintien des cellules normales, elle est importante pour la
croissance du cancer", a déclaré le professeur Luc Furic, chercheur
postdoctoral au sein de l’équipe du professeur Nahum Sonenberg au Centre
de recherche sur le cancer Goodman et au Département de biochimie de l’Université McGill de Montréal.
Il s’agit d’une découverte importante parce que les processus chimiques
corporels sont hautement complexes et interconnectés. Par conséquent, le
fait de cibler une cause du cancer touche les fonctions corporelles
normales. Une part importante de la recherche sur le cancer consiste
donc à découvrir les processus qu’il est possible d’inhiber ou de
stopper sans causer de dommages aux tissus sains.
On appelle phosphorylation le processus chimique utilisé par la Mnk, et
ce processus active ou désactive les protéines corporelles, contrôlant
ainsi les mécanismes qui peuvent causer la maladie. Dans ce cas-ci, la
Mnk travaille avec une protéine appelée elF4E pour synthétiser les
protéines cellulaires.
Des chercheurs du Centre de recherche du Centre hospitalier de
l’Université de Montréal (CRCHUM), de l’Université de Montréal et de
l’Université McGill ont modifié génétiquement des souris en leur
retirant un gène – le gène PTEN – afin qu’elles puissent bloquer le
processus de phosphorylation de cette protéine. L’équipe a découvert que
ces souris devenaient ainsi résistantes à la croissance du cancer de la
prostate. "Le gène PTEN et sa protéine agissent comme un suppresseur
tumoral", a expliqué le docteur Fred Saad, chercheur au CRCHUM et au
Département de chirurgie de l’Université de Montréal. "En retirant ce
gène de la prostate de la souris, nous pouvons étudier l’effet de la
protéine elF4E sur la croissance cellulaire."
Cette recherche aura un impact sur l’humain puisque, dans les cas de
cancer de la prostate humaine, la PTEN est fréquemment modifiée. Des
études sur des patients cancéreux ont confirmé le rôle de l’elF4E. Il
reste à découvrir un inhibiteur pharmacologique spécifique et sélectif
des Mnk, car même si des inhibiteurs sont utilisés à des fins de
recherche, ils ne sont pas hautement spécifiques à cette kinase.
Publiée dans Proceedings of the National Academy of Science, ce projet de recherche a été financé par l’Institut de recherche de la Société
canadienne du cancer, les Instituts de recherche en santé du Canada, la
Fondation Knut et Alice Wallenberg et le Fonds de la recherche en santé
du Québec.